Mélody Gringoire, French, 2D/3D Artist
Petit Monde
Loin sous la surface, après une longue marche à travers de sombres tunnels jonchés de feuilles en décomposition, ils virent une lueur douce et réconfortante. En la suivant, ils découvrirent une énorme cavité recouverte de gigantesques cristaux blancs. "C'est probablement la source d'énergie de ce monde," songea Fleur.
Le soldat était une Punaise Épineuse. Il devait ce nom à l'épine de pin qui lui servait de lance - qui était bien plus dangereuse que vous ne pourriez l'imaginer ! Fleur remarqua que sa carapace était détachable. En effet, le soldat pouvait l'utiliser comme un imposant bouclier.
Dans ce monde, les insectes avaient évolué. Mais certains d'entre eux étaient presque restés dans le même état que nous leur connaissons. Ces derniers semblaient servir principalement de montures.
"Cet arbre est bien étrange" se dirent les deux frères. En effet, quelque chose paraissait anormal. Cela était sûrement dû à l'allure étonnante des racines qui se mêlaient et se nouaient dans un chaos silencieux. On aurait dit qu'elles cherchaient désespérément à sortir de la terre.
Les plumes sombres le menèrent à un creux sous un tronc brisé. La créature était certainement là depuis un bon moment, des toiles d'araignées commençaient déjà à recouvrir l'entrée.
Rares sont les Libellules. Personne n'en a vu depuis des siècles, certains pensent même qu'elles ne sont que légendes et contes pour enfants. Mais on murmure aussi que ce sont des esprits, et que quiconque en apercevrait une serait amené à vivre de grandes choses.
Ses ailes étaient si puissantes que lorsqu'elle les faisait mouvoir, les feuilles et toute chose autour d'elle volaient.
Fleur eut un mauvais pressentiment, quelque chose l'observait. Soudain, elle les vit. Elle n'avait jamais connu une peur aussi intense. Ces insectes n'étaient pas comme ceux qu'elle avait rencontrés auparavant. Ceux-là lui laissaient penser qu'elle ne connaîtrait plus jamais la lumière.
Il devait prendre ce chemin, il le savait. Mais la noirceur de ce tunnel était si intense ! Son clan lui avait mis tellement de poids sur ses épaules, lui disant qu'il devait réussir à tout prix. Et s'il ne pouvait les rendre fiers ?
Le soleil avait déjà entamé sa descente silencieuse, mais le frêle Papillon de Nuit devait encore ramasser quelques brindilles pour le feu du soir. Il essaya de se dépêcher car il détestait être seul dans cet endroit inconnu et hostile. Pourquoi avait-il accepté de les suivre dans cette quête... Il était pressé de retrouver la chaleur réconfortante de son foyer.
La rivière n'était pas comme de coutume. Elle était rougeâtre, épaisse et... acide. La Moisissure l'avait atteinte. Cela signifiait que la source principale serait bientôt corrompue.
La guerrière Scarabée était coincée mais elle n'en avait que faire. Elle avait perdu ses ailes, elle avait perdu son honneur. Plus rien n'avait d'importance désormais.
Les trèfles étaient gigantesques. Ils formaient comme une sorte de canopée créant un léger ombrage mais laissant toutefois passer la lumière à travers leurs fines feuilles. Après les premiers instants de peur et de confusion, Fleur se sentit étrangement protégée.
L'arbre était marqué par de profondes entailles et de la moisissure en découlait. L'antre du Ravageur était proche.
Le jeune Hanneton prit le chapeau d'un gland et le mit sur sa tête tel un casque. "Un jour, je serai un soldat !" s'exclama-t-il joyeusement. Soudain, il entendit un bruit provenant des fourrés et s'empressa de se cacher.
L'écorce s'était brisée depuis bien longtemps, mais vous pouviez toujours discerner les inscriptions gravées dans le bois. C'était un ancien compas solaire.
Les deux arbres avaient fusionné, mais ce n'était pas là l'intérêt principal de cette scène. Ils guettaient le Cloporte qui se tenait à la jonction des deux troncs, calme et redoutable à la fois. Le problème était, voyez-vous, que s’il y en avait un ici, il y en avait sûrement d’autres à proximité.
Le vieux chaman était si heureux de revoir une pleine lune à nouveau. Il ne pouvait se rappeler la dernière fois qu'il avait assisté à un spectacle aussi grandiose… même s'il ne s'agissait que de son reflet dans l'eau.
La branche était tordue, allant jusqu'à faire des tours autour d'elle-même. Cela amusa la jeune Chenille, elle se dit qu’elle lui ressemblait beaucoup.
Les champignons libérèrent leurs spores. La Perce-Oreille était satisfaite, son devoir était accompli. Elle espérait maintenant que son maître se montrerait fier d'elle.
Le vieux Bourdon appréciait venir dans ce coin du royaume après une longue journée de labeur à collecter du pollen. Il adorait cette mousse si douce et duveteuse dans laquelle il s'endormait.
La Réunion allait commencer. L'endroit n'était pas facile à trouver, mais cela était vraisemblablement normal pour une assemblée à vocation secrète. La seule information qu'on lui avait donné était : "Trouve l'ouverture entourée par de la mousse". Il avait passé des heures avant de trouver la bonne souche, tous les arbres étaient couverts de végétation par ici !
"Je hais la pluie." dit-il. Il ne pleuvait pas souvent dans cette région, mais l'atmosphère était constamment humide. Une grosse goutte d'eau tomba sur sa tête, "je hais la pluie !".
Sur le sol poussiéreux, ils trouvèrent le crâne d'un ancien Grand Cerf-Volant. Leur lignée était presque éteinte. La scène était triste, mais paisible.
La souche était brisée comme si elle avait explosé. Le soldat s'assit là afin de se reposer et de méditer un moment, la guerre arriverait bien assez vite.
Les racines semblaient lui montrer la voie à suivre. Il n'y avait pas une once de peur en lui. Il leur faisait confiance et alors qu'il souriait, il commença à avancer.
Plus ils progressaient, plus ils comprenaient qu'ils entraient dans le territoire du Ravageur. Plus rien ne poussait à part les champignons et la moisissure, leur espoir s'amoindrissait à chaque nouveau pas. C'est alors qu'ils virent une petite pousse à la cime d'une vieille racine, telle une étincelle de vie au milieu des ténèbres. Ils prirent cela comme un signe de bon augure et poursuivirent leur voyage, plus déterminés que jamais.
Le bois n'était plus couvert de mousse à présent. Elle avait été remplacée par du lichen. Ce n'était certainement pas facile de marcher là dessus, ce dernier étant très cassant et friable.
La Luciole éclaira les alentours. Elle décela quelque chose de peu commun. Elle n'avait jamais rien vu de tel, cette feuille de lierre était manifestement différente, son motif était totalement constitué de tâches.
Un colossal Ver de Terre surgit du sol. Le pauvre voyageur fut terrifié pendant un instant, mais il se rappela très vite que ces créatures étaient les Gardiens des Profondeurs. Ils avaient pour rôle de régénérer les sols, permettant aux plantes de pousser, et ainsi aux êtres vivants de prospérer.
Il ne pouvait voler, il devait grimper. Mais le sol était si glissant, un seul faux pas et ce serait la fin. Fort heureusement, il avait de très bonnes griffes et un excellent sens de l'équilibre.